10 Juin 2006
Antoine Priore naît en 1912 à Trieste, en Italie.
À dix-huit ans il est diplômé d'une école d'électricité, puis il suit des cours à l'École supérieure d'électronique de Bologne.
Pendant la guerre, il est officier radariste dans la marine italienne, puis technicien au service des Allemands qui l'ont fait prisonnier.
En février 1944, il est employé à Bordeaux à la base sous-marine allemande. Il découvre que des oranges, oubliées durant des semaines derrière un radar, n'ont pas moisi. Les ondes électromagnétiques auraient donc des propriétés antibiotiques, et on pourrait inventer un système de stérilisation des fruits et légumes par micro-ondes.
En août 1944, il s'échappe, rejoint le maquis en Dordogne et participe aux combats pour la libération du Sud-Ouest.
A la fin de la guerre, il s'installe à Bordeaux où il ouvre un petit atelier de réparation radio-électrique.
Il fabrique son premier appareil, qui émet sur des longueurs d'ondes courtes et ultra-courtes, de dix centimètres à quatre-vingt mètres, avec lequel il parvient à faire pousser des plants de lentilles, de tulipes ou d'asparagus trois fois plus haut que les plants témoins. Inversement, certaines longueurs d'onde stoppent la croissance et tuent la plante en deux semaines. Il parvient aussi à faire éclore des œufs deux jours avant les témoins, à faire grandir plus vite des poussins, et à faire vieillir du vin.
En 1948, le maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, l'autorise à travailler dans les laboratoires de l'abattoir municipal. [C:210] Sur une tumeur cancéreuse des testicules d'un taureau, il s'aperçoit que les tissus cancéreux ne réagissent pas à la stimulation électrique.. [C:210] On lui parle des travaux du biologiste Charles Laville, auteur en 1928 d'un livre intitulé Le Cancer, dérangement électrique.
En 1953, il tente son premier traitement sur une vieille chatte atteinte de plusieurs tumeurs mammaires. Il irradie la chatte une demi-heure par jour pendant quelques semaines. Sa guérison est confirmée par des prélèvements de tumeurs avant et après le traitement et analysés par un laboratoire ignorant les expériences…
Avec l'aide d'un médecin, le Dr Maurice Fournier, il commence à traiter gratuitement et clandestinement des malades cancéreux.
En 1954, il propose en vain au centre anticancéreux de Bordeaux, au Pr Lachapèle, de faire des expériences sur des animaux.]
En 1957, il termine la fabrication de sa première grosse machine, qui remplit toute une pièce de son pavillon de Floirac, en y dépensant ses économies et grâce à du matériel radar militaire fourni clandestinement par des amis de l'armée de l'air.
En 1960, le vice-doyen de la faculté de médecine accepte qu'une étude en laboratoire soit confiée à deux jeunes chercheurs, Biraben et Delmon, qui travaillent sur des tumeurs T8 greffées sur des rats, et toujours mortelles. Une vingtaine de rats passent sous la machine de Priore ont leur croissance tumorale ralentie et leur durée de vie triplée. Chaban-Delmas adresse le dossier à deux commissions scientifiques nationales qui le rejettent. Biraben et Delmon réussissent des guérisons complètes chez des rats lorsque l'exposition commence dès le premier jour de greffe ou lorsque les durées d'irradiation sont augmentées. Le Pr Lachapèle leur interdit de publier leurs résultats s'ils veulent réussir leur agrégation. En 1966, ils publient ces travaux dans la "Revue de pathologie comparée".
Le Pr Maurice Guérin, l'un des deux créateurs de la tumeur greffée T8, directeur du laboratoire de médecine expérimentale de Villejuif, écoute Priore et envoie à en 1964 à Bordeaux son collaborateur le Pr Marcel-René Rivière. Les résultats, obtenus sur deux ans sur des rats sont publiés au fur et à mesure dans les "Comptes Rendus de l'Académie des sciences", d'abord sur la tumeur T8, puis sur des sarcomes greffés encore plus nocifs. On constate une régression complète des tumeurs et des métastases, et l'absence de récidive.
Le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, Robert Courrier, enthousiasmé, obtient des crédits de recherche et envoie sa plus proche collaboratrice, Rose-Andrée-Marie Colonge, surveiller les expériences. Elle apporte tous les jours à Floirac les rats fournis par l'institut d'immunologie de Bordeaux, les surveillent
En 1966, un chercheur anglais accuse Priore d'avoir substitué des animaux, car il leur a greffé des morceaux de leur peau. En fait, la stimulation immunitaire produite par le rayon leur a fait rejeter les greffes. Les autorités scientifiques exigent une nouvelle expérience avec un comité de surveillance présidé par le Dr Jean Bernard, sous le contrôle d'un huissier de justice présent en permanence et posant tous les soirs des scellés. Les guérisons, en 1969, sont incontestables.
Lorsque sa sœur meurt d'un cancer en Italie, Priore veut abandonner car il n'a pas eu les crédits et la confiance pour la réalisation d'une machine plus puissante pour la sauver. Pautrizel organise une souscription pour un nouvel appareil achevé en 1968.
En 1969, deux physiciens sous contrat avec l'armée, André-Jean Berteaud et André-Marie Bottreau, examinent la machine et mesurent ses rayonnements. Berteaud, qui croit avoir compris, fabrique une version simplifiée de la machine dans son laboratoire du CNRS à Bellevue mais échoue ses tests sur des animaux.
En 1972, le Premier ministre Chaban-Delmas permet une subvention de trois millions et demi de francs pour une machine de plus forte puissance.
"On" conseille alors à Delmon de suivre l'affaire... de loin. Priore tentera à maintes reprises d'obtenir des animaux porteurs de tumeurs auprès du centre anticancéreux de Villejuif dans la région parisienne. En vain. Pourtant des rémissions spectaculaires de cancers du poumon en phase terminale furent obtenues par le Pr Gilbert Courty, à l'époque chef du service de pneumologie à l'hôpital Xavier Arnozan de Bordeaux.