27 Juin 2006
Où l'on voit que l'intérêt des uns fait aussi le bonheur des autres.
Dans cette localité sans eau courante ni électricité, la plupart des habitations sont désormais équipées d'un nouveau type de four, plus respectueux de l'environnement que les anciens. Il intéresse aussi des entreprises situées à des milliers de kilomètres de là, en Europe, via le système des droits à polluer. Celui-ci permet aux compagnies occidentales qui dépassent leur quota d'émission de gaz carbonique de ne pas payer d'amende si elles financent des projets écologiques, ainsi que Honda ou Avis ont choisi de le faire avec ces fours érythréens.
Les anciens fours à injera - sorte de crêpe amère qui compose la nourriture de base en Erythrée - étaient rudimentaires : un feu de bois dans la cuisine et, au-dessus, une plaque. Les nouveaux modèles, inventés en 1998, comportent une « boîte à feu » avec une petite porte, un système d'isolation, un conduit d'air et une cheminée. Plus efficaces, ils consomment moins de bois et rejettent moins de gaz carbonique. « Avec notre nouveau four, on n'a plus de fumée dans la cuisine et ma femme ne souffre plus d'infections aux yeux, se réjouit Subahtu Gerekiel, un paysan de Zigib, père de quatre enfants. On utilise aussi moins de bois, on coupe donc moins d'arbres. »
Tsehaitu Kidane, mère de douze enfants, ne tarit pas d'éloges sur son équipement domestique : « Avant, je passais trois à quatre heures par jour à ramasser du bois. Maintenant, du crottin et des brindilles suffisent. J'ai plus de temps pour aller au marché ou me reposer », explique-t-elle dans un grand sourire.