Voici une étrange guerre, où l'on se bat peu, où l'un des belligérants se contente de larguer une quinzaine de bombes par jour et l'autre d'attendre le
premier de pied ferme. Où les Etats-Unis voudraient que l'Alliance du Nord avance sur Mazar-e-Charifquatrième plus grande ville
d'Afghanistan, avec une population de 183 000 personne (estimation de 2002).
Capitale de la province de Balkh, elle est reliée par la route à Kaboul au sud-est, Hérat à l'ouest et à l'Ouzbékistan au nord
(Source =Wikipedia) et où cette même Alliance trouve que l'Oncle Sam ne l'aide pas assez... Encore ne s'agit-il là que du volet militaire. Sur le plan politique, la confusion
règne : les talibans "modérés" ont disparu, et avec eux l'espoir d'un écroulement du régime de Kaboul... Dans cette drôle de guerre, le plus important se situe ailleurs, dans la propagande ou la
bataille des idées, explique Richard Holbrooke dans le Washington Post. Et sur ce terrain miné, les Etats-Unis et leurs alliés "ont perdu du terrain" face aux terroristes,
ajoute cet expert, jadis habile négociateur dans le bourbier politique des Balkans. "Le succès de Ben Laden tient en partie à ce qu'il se sert d'un mélange de symboles médiévaux et de
technologies de communication modernes." Il faut donc employer beaucoup de moyens et de talents pour contrer cet adversaire, comme le firent Roosevelt ou Eisenhower contre le nazisme ou le
communisme, conclut Holbrooke.
Dans ce contexte, les médias n'ont pas la partie facile. Non seulement ils sont absents du théâtre des opérations (ce qui est pourtant leur métier de
base), mais ils sont destinés à devenir (ils le sont déjà partiellement) les supports de cette guerre de propagande. CNN contre Al Jazira ? Washington demande déjà aux journalistes de "faire
attention à ce qu'ils disent". Nul doute que la lutte antiterroriste devient une guerre en grande partie secrète où les journalistes peuvent être utilisés, mais rarement invités comme
témoins.